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Les femmes et le sport en général Une histoire ancienne et neuve à la fois La participation des femmes dans les sports est une histoire aux racines anciennes, méconnues et pourtant neuve pour nous. Sans risque de trop se tromper, on pourrait ajouter quelle comporte des épisodes ahurissants. Dans la Grèce antique, les femmes navaient même pas le droit dassister comme spectatrices aux Jeux olympiques et encore moins de prendre part aux épreuves. Certaines se sont déguisées pour entrer au stade, se sont fait prendre et ont été exécutées. Au cours des deux millénaires qui ont suivi, la situation na guère été plus reluisante. « De tous les temps, les femmes ont pratiqué des activités physiques, mais lhistoire nen fait pas mention », affirme Geneviève Rail, sociologue des sports et professeure à lÉcole des sciences de lactivité physique. Par contre, précise-t-elle, lart lève un coin du rideau. Ainsi, des tableaux de la Renaissance montrent des baigneuses et des femmes faisant de laviron ou du vélo. « Cependant, la notion de loisir est une invention assez moderne et réservée à une très petite classe de gens privilégiés », précise Mme Rail. Sautons deux millénaires pour nous retrouver en 1896 aux premiers jeux olympiques modernes. « Les choses nont guère évolué, rappelle Mme Rail. Le baron Pierre de Coubertin, fondateur des jeux, considère que les femmes devaient se limiter à applaudir les athlètes masculins. » Linfluence de la religion, catholique ou musulmane, contribue aussi à bloquer la participation des femmes, précise-t-elle. Quant à la notion spécifique de « sport », elle est encore récente. Les premiers sports sont bourgeois ou encore pensés comme exutoires au trop plein dénergie des écoliers en Angleterre. Éventuellement, ils se propageront en Europe et dans lEmpire britannique. Le 18e siècle ouvre certaines portes aux jeunes filles mais « à des fins très instrumentales », explique Mme Rail. « LÉmile de Jean-Jacques Rousseau a un pendant féminin dont on a peu entendu parler. Le philosophe Rousseau encourage la jeune fille à pratiquer toutes sortes dactivités physiques... afin de devenir une conjointe vaillante et une mère forte. » La pratique dactivités physiques demeure lapanage des femmes bourgeoises. Elles forment des clubs et des ligues, à léchelle locale et régionale. Toutefois, pendant tout le 18e et le 19e siècle, les médecins découragent les femmes de la pratique des sports car elles deviendraient trop musclées, ce qui pourrait nuire à lenfantement, déplaire à leurs maris et, au bout du compte, menacer la nation ! Plus près de nous, aux alentours de 1930, il était encore courant dentendre des médecins dissuader les femmes de faire du vélo, leur conseillant plutôt de rester à la maison où elles pouvaient quand même pédaler, mais sur leur moulin à coudre, et battre des tapis pour se renforcer les bras. Vers les années 1910-1915, parallèlement avec le mouvement des suffragettes, des femmes commencent à défier les contraintes traditionnelles. Elles participent aux compétitions nationales et internationales, mais dans des disciplines socialement convenables, telles que le patin artistique, la gymnastique, lathlétisme et les sports aquatiques. Certains interdits demeurent cependant. Par exemple, aux Olympiques de 1928, on élimine toutes les épreuves de course féminine de plus de 200 mètres parce que jugées trop épuisantes. Cet interdit nest levé quen 1960 ! Le retour en force du féminisme au cours des années 1960 suscite « des poussées extraordinaires dans la pratique sportive et des changements de règlements, rappelle la sociologue. Les écoles et les municipalités mettent sur pied des équipes sportives féminines et organisent des activités pour les jeunes filles. Des sports déquipes, comme le volley-ball, le basket-ball et le hockey sur gazon deviennent très populaires. » Selon Mme Rail, une nouvelle tendance émerge depuis peu. « Les sports ont été inventés pour et par des hommes en mettant laccent sur la compétition et le besoin de gagner à tout prix. Après les avoir adoptées, les femmes commencent à remettre ces valeurs en question. » La sociologue fait remarquer que, depuis cinq à dix ans, de nombreuses femmes optent pour des pratiques axées plutôt sur la coopération et le respect de lenvironnement ou encore des activités peu coûteuses, peu contraignantes en termes dhoraire et nexigeant pas une importante infrastructure ou une grande adresse. Quant à lavenir, la sociologue estime que « des changements simposent dans lorganisation, la structure et les valeurs de nombreux programmes sportifs si lon veut satisfaire les besoins des femmes. Il est plus probable que ces changements auront lieu lorsque le pouvoir sera plus équitablement réparti entre les hommes et les femmes. Dans le monde entier, les femmes doivent réaliser que les jeux et les sports sont parmi les agents doppression les plus puissants de nos sociétés mais, paradoxalement, quils sont aussi parmi les plus grands libérateurs. »
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